Un PIB solide et un marché de l’emploi tendu diminuent les espoirs d’une nouvelle réduction des taux.
Ce qui aurait du être une simple révision du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis s'est transformé en une forte surprise. La croissance du deuxième trimestre a été révisée à la hausse, la portant à 3,8 %, le rythme le plus soutenu en près de deux ans, alimentée par une consommation des ménages plus forte et par une plus grande contribution de la part des investissements privés. La consommation des ménages à elle seule a contribué 1,7 % à la croissance totale, les stocks ont soustrait plus de 3 % et la balance commerciale a ajouté près de 5 %. Le plus grand choc a été la forte hausse des dépenses, qui sont passées de 1,6 % à 2,5 % malgré les rumeurs persistantes selon lesquelles les ménages ressentent la pression. L’inflation a également été révisée à la hausse, signe que la Réserve fédérale américaine (la Fed) a encore du travail à faire.
L’élément le plus important n’était cependant pas les données elles-mêmes, mais plutôt la réaction du marché. Les négociateurs ont immédiatement réduit leurs attentes en matière de baisse des taux, moins de quatre baisses étant désormais anticipées d’ici la fin de l’année prochaine. Une forte croissance et une inflation persistante réduisent la marge de manœuvre de la Fed, et le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, s’est opposé aux appels à des baisses agressives. Les actions ont chuté pour une troisième journée consécutive, le dollar américain s’est renforcé et les taux des bons du Trésor à 10 ans se sont rapprochés de 4,20 %.
Après une reprise marquée en août, l’indice flash des directeurs des achats (PLI) de septembre a fléchi. Le secteur manufacturier a chuté à 52,0 et celui des services a reculé à 53,9, signalant tous deux encore une expansion, mais à un rythme inférieur à celui du mois précédent. Même avec un tel ralentissement, les données indiquent toujours une croissance au troisième trimestre d’environ 2,2 % en rythme annualisé, ce qui serait la meilleure performance de l’année jusqu’à présent.
Les détails offrent un portrait contrasté. L’élan de l’embauche a ralenti. Les droits de douane continuent de faire augmenter les coûts, mais moins d’entreprises répercutent ces hausses, ce qui devrait contribuer à maîtriser l’inflation. Par contre, les stocks s’accumulent rapidement dans le secteur manufacturier, ce qui pourrait se traduire par une production plus lente plus tard dans l’année si les commandes diminuent. La confiance des entreprises s’est légèrement améliorée grâce à la perspective de taux d’intérêt plus bas, mais elle reste en dessous de sa moyenne à long terme, les incertitudes sur le plan de la politique et du commerce demeurant importantes.
Si vous vous attendiez à un affaiblissement du marché du travail américain, les demandes de prestations d’assurance-emploi en ont décidé autrement. Les demandes initiales ont chuté à 218 000 la semaine dernière, bien en dessous des attentes et un autre signe que les employeurs conservent leurs travailleurs malgré le ralentissement de l’embauche. Les demandes continues ont à peine bougé, se chiffrant tout juste sous 1,93 million. Les solides données sur l’emploi s’accompagnaient d’une série de chiffres encourageants. Les commandes de biens durables ont augmenté de 2,9 % en août. Même le logement montre des signes de vie, avec des ventes de maisons neuves en hausse de plus de 20 % par rapport au mois précédent. Ensemble, les données indiquent que l’économie reste en bonne santé en dépit de taux d’intérêt plus élevés et des incertitudes liées au commerce. La Fed peut se permettre de rester patiente, et bien que les marchés prévoient toujours deux baisses supplémentaires d’ici la fin de janvier 2026, la probabilité d’un cycle d’assouplissement rapide diminue.
Dans l’ensemble, la semaine a été calme. Des données solides ont repoussé les attentes concernant des réductions de taux agressives et ont rappelé aux investisseurs que de bonnes nouvelles économiques ne signifient pas toujours de bonnes nouvelles pour les marchés. La semaine prochaine apportera les données habituelles du début du mois : enquêtes sur le secteur manufacturier, chiffres sur l’emploi et nouvelles données sur l’inflation. Cela permettra de mieux déterminer si l’économie est encore trop en surchauffe pour la Fed.
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